Rétrospective 2013 : quelle place pour la France sur l‘échiquier mondial ?
Avec deux interventions militaires en moins d’un an, François Hollande a définitivement réaffirmé l’interventionnisme français en matière de politique étrangère. Avec, de plus, un net rapprochement avec le Moyen-Orient, désormais partenaire stratégique affirmé.
Une intervention au Mali rapide et efficace, soutenue de toutes parts, et ayant suspendu la spirale infernale dans laquelle était tombé le pays, sans pour autant l’arrêter définitivement. En janvier dernier, François Hollande avait surpris par le caractère précis et déterminé de son argumentaire, bien loin des critiques formulées ici et là sur sa prétendue mollesse. Néanmoins, potentiellement trop confiant après ce relatif succès éclair, il a chaussé les bottes de l’interventionniste qu’il n’a jamais été. Il resta ferme sur le sujet syrien. N’ayant jamais officiellement parlé d’intervention en cas de franchissement de la ligne rouge comme le Président Obama, il a cependant été l’un des plus vifs défenseurs d’une intervention militaire, après les attaques chimiques de l’été. Vexé de n’avoir été suivi par personne, il garda cette intransigeance sur le cas iranien, retardant l’avancée des négociations pourtant historiques, ayant suspendu, pour le moment, les ambitions nucléaires iraniennes.
Incapable de s’impliquer seul dans un conflit aussi complexe que la guerre civile syrienne, fortement critiqué en interne, François Hollande a surpris son monde par une intervention en Centrafrique. Hélas, beaucoup moins bien préparée que celle au Mali, elle s’avère, pour le moment, plus proche d’une croisade longue et semée d’embûches que d’une victoire express. Actuellement en sous-effectif, il est quasiment acté que l’armée française ne réussira pas sa mission sans un soutien conséquent venu d’autres puissances. Il faudra bien plus qu’un soutien polonais pour venir à bout d’un ennemi pouvant aisément se fondre dans la masse vivant à Bangui. Intervenir, pourquoi pas, mais encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions Rogner sur le budget de la Défense tout en accroissant la présence de l’armée française sur les conflits internationaux semble paradoxal…
Un choix d’alliés stratégiques en construction
François Hollande se situe, sur bon nombre de sujets et notamment en matière de politique étrangère, dans la droite lignée de son prédécesseur. Le rapprochement avec les puissances du Golfe tient lieu de partenariat stratégique majeur. Outre le Qatar, la France profite des tourments dans la relation saudi-américaine pour se rapprocher de Riyad, et protéger, indirectement, son allié libanais. Un moyen pour F. Hollande de parvenir à ses fins coûte que coûte, à savoir l’élimination de B. Al-Assad, sans imaginer ce qui s’en suivra ? L’avenir nous le dira.
Ses relations avec les autres grandes puissances occidentales n’ont guère évolué. Il demeure aussi méfiant et vindicatif vis-à-vis de la Russie, en témoigne son boycott déguisé de la future cérémonie d’ouverture des Jeux de Sotchi. Il n’a pas fait preuve de ce même caractère vis-à-vis des Etats-Unis. Il voue toujours son indéfectible amitié avec B. Obama, alors que celui-ci ne l’a guère ménagé (voire trahi) en 2013 : révélation d’un espionnage massif, abandon sur l’intervention en Syrie, négociations secrètes sans la participation française dans le cas iranien. En revanche Enfin, en Europe, il est toujours aussi fragilisé par les difficultés économiques françaises l’empêchant d’être un contrepoids durable et majeur à l’influence allemande. Un fossé tant économique que politique sépare désormais Merkel d’Hollande. Tâche au président de le réduire en 2014.